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Le Monde France 22/01/2002 LE MONDE | 21.01.04 |

Théâtre musical Un "Peer Gynt" intimiste

ILE-DE-FRANCE De Peer Gynt, tout le monde connaît les morceaux réunis par Grieg dans deux suites d'orchestre à succès. Leur pouvoir évocateur n'a pas échappé aux publicitaires qui, dans des spots télévisés, exploitent fréquemment la pastorale d'Au matin pour la bande-son d'un produit rafraîchissant ou la poursuite de Dans la halle du roi de la montagne pour accompagner une situation haletante.

Cependant Peer Gynt est avant tout une pièce de théâtre d'Ibsen, que l'on donne, parfois, intégralement sur deux soirées et presque jamais avec les trente-deux numéros que compte la partition originale de Grieg. De cette œuvre monumentale, la chanteuse Marianne Pousseur et l'éclairagiste Enrico Bagnoli ont voulu conserver l'impact foudroyant, tout en évacuant les contraintes d'une représentation titanesque.

Créée à Bruxelles, le 13  novembre 2003, la version intimiste qu'ils ont imaginée entame une tournée en région parisienne sous l'égide d'Ile-de-France Opéra et Ballet. Elle utilise, pendant une heure, toutes les ressources du théâtre musical avec accessoires (plaques de tôle, petites percussions), voix cachées (phonèmes ou chant a cappella) et vidéo (en direct ou enregistrée). Généralement prolongé plus que réécrit, le texte d'Ibsen sert de base à une série de variations sur la futilité, parfois dans l'esprit de Dino Buzzati (les reproches faits à Peer Gynt sont sériés comme dans la très brève nouvelle Les Journées perdues).

Dos à l'écran, d'où va surgir sa vie en flash-back, Peer Gynt expose d'entrée la dualité de son être. Coupé en deux par un éclairage de biais, qui fouette son visage comme la bise du Grand Nord, il apparaît symboliquement comme un personnage au profil net et au contenu fuyant. Derrière lui se met en place un décor à tendance onirique avec des battements d'ailes stylisés à la Folon. Après une ouverture orchestrale enregistrée, le piano de Johan Bossers prend les rênes de l'expression musicale. Les arrangements, d'une exceptionnelle efficacité dramatique, agissent comme la mémoire de Peer Gynt et passent chaque morceau de Grieg à travers un filtre. La vidéo plonge son regard inquisiteur dans le subconscient du héros, "garçon honnête, l'empereur des autres bêtes". La poitrine de Solveig, la fiancée abandonnée, est offerte dans une mare de blancheur laiteuse, tandis que la fille du roi des trolls excite l'imagination par les battements lascifs de ses cheveux de sorcière.

Simple et émouvant à l'image de ce spectacle d'une rare profondeur expressive, Pierre Renaux incarne le Peer Gynt en vigueur sous toutes les latitudes avec une touche de Grieg  : il ne lui manque qu'une moustache pour figurer le double du compositeur. Marianne Pousseur, irrésistible, va très loin dans l'art de la métamorphose. Elle commence en mirage (les femmes aimées se fondent dans la mère) et finit en miroir (de l'homme qui voit la mort adoucie par les traits de sa promise délaissée).

Pierre Gervasoni

Peer Gynt, d'après Henrik Ibsen et Edvard Grieg. Conception et mise en scène  : Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli. Avec Pierre Renaux (Peer Gynt), Marianne Pousseur (différents rôles), Kobe Baeyens, Thaïs Scholiers et Noémie Schellens (voix cachées) et Johan Bossers (piano). Le 23  janvier, à 21  heures, à Franconville (Val-d'Oise), Espace Saint-Exupéry, tél.  : 01-39-32-66-06  ; le 6  février, à 20  h  30, à Malakoff (Hauts-de-Seine), Théâtre 71, tél.  : 01-55-48-91-00  ; le 8  février, à 17  heures, à Torcy (Seine-et-Marne), Espace Lino-Ventura, tél.  : 01-60-37-37-60  ; le 13  février, à 20  h  30, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), Salle des Malassis, tél.  : 01-43-60-87-03.

 ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 22.01.04

Le Soir Belgique 17/11/2003
 

 

Opéra - « Peer Gynt » à la Balsamine

Voyager, briller, s'éteindre…

CRITIQUE

MICHÈLE FRICHE

Un fascinant bouquet de sensations, d'émotions que le « Peer Gynt » d'Ibsen et Grieg, créé par Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli à la Balsamine. La performance technique (lire nos éditions du 13 novembre) se tisse à l'interprétation des comédiens dans un jeu subtil, rarement illustratif et jamais gratuit. Nos perceptions restent plus subjectives que jamais, à chacun d'enfourcher son propre imaginaire. Le dispositif est simple : des parois translucides, contournables, réceptacles d'images en ondes pulsées analysées, ou filmées et retravaillées en direct sur la scène, des plaques métalliques servant d'écrans percussifs aux « voix cachées », une cloison devenue lit… En scène latérale, un pianiste construit la trame sonore sur de la musique de Grieg, de la simple et émouvante mélodie nue à des cavalcades plus sonores (Johan Bossers).

Dans ce décor, le héros se projette au-delà de lui-même dans une odyssée métaphysique en quête de son « moi », des forêts norvégiennes avec trolls à l'Orient avec asiles d'aliénés. Peer Gynt est mythomane, jouisseur, cynique, lâche, fuyant tout ce qui l'entrave. Sa vie, il la revisite par flashs dans l'interstice entre vie et mort (dramaturgie de Guy Cassiers). La lumière le traverse, en grands oiseaux bleus, elle est peut-être œil qui irise de son plexus ou désintégration d'un visage en négatif ou prison de cordes ou éclipse d'un soleil ou matrice… Elle nimbe d'or les visages féminins, elle lacère en noir et blanc. Lumière abstraite et source d'images et de sens, tout à la fois. Pierre Renaux joue Peer Gynt, avec une certaine nonchalance arrogante qui sied au héros. Il oscille du récit à l'incarnation. Il bouge peu, le voyage est virtuel… Marianne Pousseur habite plusieurs figures dont Solveig, la fiancée diaphane, mais aussi la mère de Peer Gynt.

L'ironie, l'humour pointent aussi

Un geste les signe l'une et l'autre, et des projections brèves de bribes du texte aident à identifier. Elle joue, elle chante (en norvégien) en douce sensibilité, comme venant d'un autre monde. Les voix cachées, non incarnées, sinon en souvenirs flous au-delà des parois, en fin de vie, prennent en chants, en mots, en bruitages diffus le monde sonore de la légende : une présence multiple mystérieuse de Kobe Baeyens, Thaïs Scholiers et Noémie Schellens. L'ironie, l'humour pointent aussi dans ce spectacle flottant entre rêve et cauchemar. Et l'on gardera en mémoire ce seul moment superbe où les interprètes se touchent et dialoguent : la mort de la mère que Peer Gynt entraîne dans une course en traîneau vers un château… comme on raconte un conte à un enfant au chevet du lit. Les amoureux de la musique de Grieg y retrouveront des mélodies, de brefs passages orchestraux, les lecteurs d'Ibsen auront l'envie de retourner au texte intégral, et tel quel, ce « Peer Gynt » est une petite merveille qui après sa création à la Balsamine voyagera beaucoup hors de nos frontières. Ne le ratez pas.·

Théâtre de la Balsamine (Bruxelles), jusqu'au 22 novembre, tél. 02/735.64.68. Au Singel (Anvers) les 19 et 20 décembre. Téléphone : 03/248.28.28.

La Libre Belgique Belgique 15/11/2003
De Standaard Belgique 21/11/2003 Vrouwen en moraal in Peer Gynt

MUZIEK-THEATER

Elke Van Campenhout 21/11/2003

De tekst van Peer Gynt is waarschijnlijk een van de bizarste die de Noorse toneelauteur Henrik Ibsen (1828 - 1906) op papier heeft gezet. Waar zijn latere werk een duidelijk maatschappelijk standpunt inneemt en zich met beheerst m‚tier door de bedrijven werkt, is dit jeugdwerk een complexe mix: tegelijk een schelmenroman, een fabel over moraliteit, een psychoanalytische fantasie en een fantastische nachtmerrie.

In hun bewerking keren Marianne Pousseur en Enrico Bagnoli terug naar de muziek die Edvard Grieg voor Peer Gynt componeerde. Alleen is de partituur gereduceerd tot een piano, een zangeres en drie verborgen stemmen. De tekst is gecomprimeerd tot de ontmoetingen van Peer met de mysterieuze vrouwen die zijn leven beheersen.

Enrico Bagnoli werkte in het verleden mee aan voorstellingen van de regisseur Guy Cassiers. Hij ontwierp samen met hem de visuele decors voor Rotjoch, Lava Lounge en de twee Proust-voorstellingen. Ook in Peer Gynt speelt het videowerk een belangrijke rol.
Het hoofdpersonage lijkt ingebed te zijn in de beelden die hem omringen en opslokken. Bijvoorbeeld de decorschets van de slaapkamer waarin de voorstelling begint en eindigt. Hierdoor wordt gesuggereerd dat de wilde reizen van Peer zich op zijn doodsbed afspelen. Op het allerlaatste moment, wanneer de ziel uit het duister opduikt en de stervende een spiegel voorhoudt van het leven dat hij heeft geleid.

De reis door de tijd ligt bezaaid met enigmatische vrouwen. De moeder, de trouwe maagd, de dochter van de trollenkoning, maar ook vreemde mythische figuren als de Kromme of de knopengietster. Ze begeleiden Peer in een egocentrisch leven waarin hij zich te buiten gaat aan slavenhandel en pornografie, met als enig credo dat hij zichzelf wil zijn.

Peer Gynt is een ongewoon amorele vertelling. Hoewel de avonturier langzaam in de duisternis van zijn ziel lijkt te verdrinken, wordt hij finaal vergevingsgezind door zijn achtergelaten geliefde opgevangen. Een deerniswekkende handeling, die hem zelfs van zijn plaats in de hel berooft, en hem gelijk maakt aan al zijn middelmatige medeburgers.

De voorstelling is een visueel interessant experiment, al zijn de beelden niet altijd even inventief. De blonde Solveig die sensueel voor de camera draait, is zelfs een rondborstig clich‚ te noemen. Muzikaal is de herwerking van Griegs overbekende thema's in de sterk doorgevoerde reductie afwisselend verrassend en een beetje mager.

Peer Gynt blijft een verwarrend stuk, dat in deze adaptatie inhoudelijk zeker aan duidelijkheid wint, maar even goed artistiek blijft zwalpen tussen wattige dromerigheid en een scherpere satire.

Muziektheater Transparant speelt ,"Peer Gynt''. Nog op 21 en 22 november (21 uur) in Theatre de la Balsamine (Brussel), 02-735.64.68 of www.balsamine.be . Op 19 en 20 december (20 uur) in de Singel (Antwerpen), 03-248.28.28 of www.desingel.be

(c)Copyright De Standaard

De Morgen Belgique 18/11/2003
Presentations      
LE VIF/L'EXPRESS Belgique 7/11/2003
Le Soir Belgique 13/11/2003 Spectacle - Marianne Pousseur et Enrico Bagnoli créent « Peer Gynt »

Quand musique, texte et lumières dialoguent avec l'ordinateur

MICHÈLE FRICHE

Ne confondez pas Marianne et Isabelle Pousseur, même si les sœurs en sourient depuis longtemps. Isabelle, metteuse en scène, dirige l'Océan Nord. Et Marianne, comédienne, metteuse en scène, s'est tournée vers le chant. C'est elle qui crée « Peer Gynt », de l'écrivain Hendrick Ibsen et du compositeur Edouard Grieg, tous deux Norvégiens.

Dans le sillage de Marianne surgit quasi inévitablement son époux et créateur de lumières, Enrico Bagnoli. C'est qu'au-delà de l'esprit de famille les lie une communion artistique. Nous travaillons en artisans, nous faisons tout nous-mêmes, pour réaliser ce que nous voulons, nous inventons nos propres outils. La technologie et l'artistique marchent ensemble.

Ils ont déjà produit « Le chant des Ténèbres », de Brecht / Eisler, « L'Enfant et les sortilèges », de Ravel, « Babar », de Poulenc, soit du théâtre musical. Nous tentons de donner une alternative au théâtre d'opéra lourd. Ainsi, tout « Babar » replié entrait dans notre voiture, enfants compris ! Et « Peer Gynt » le sera aussi.

Comment s'y prendre avec cette pièce de 1876, qui n'est pas un conte pour enfants, qui dure plus de six heures (en intégrale), avec une énorme distribution, et qui serpente entre matière et onirisme, légende et critique ?

« L'impossible nous attire »

L'impossible nous attire, rient Marianne et Enrico. Le défi d'une matière complexe nous oblige à repenser la forme, à chercher de nouveaux modes de dialogue entre la présence vivante des comédiens, leur présence virtuelle, les mondes des sons et des lumières.

Quant à la durée et à la distribution, nos deux compères les ont « concentrées » en moins d'une heure trente, avec deux interprètes (Pierre Renaud et Marianne Pousseur), un chœur de trois « voix cachées », un pianiste (arrangeur de la partition) et… une machinerie fantastique compactée dans un ordinateur !

Nous avons construit le spectacle à partir du rêve de Peer Gynt dans la première scène, explique le duo. Le héros raconte sa chute sur le dos d'un bouc et la rencontre de leurs images dans l'écume de l'eau. C'est pour nous le point de départ d'un flash-back d'une vie, dans l'instant qui précède la mort. Et nous suivons l'histoire, avec ses principaux personnages, certains regroupés en un seul. Nous invitons au voyage dans le cerveau de Peer Gynt, par la circulation fluide entre bruit, musique, lumière, texte parlé, texte chanté.

Et c'est évidemment là que la technique pointe ses ressources magiques, à partir d'un programme informatique qu'Enrico Bagnoli a conçu et commercialisé aux quatre coins du monde. Mais ce technicien et artiste à part entière ne cesse de l'aménager, de le repenser dans chacune de ses productions : Il ne s'agit pas de fascination technologique mais de l'établissement d'un langage en relations avec les acteurs et la musique, sans vidéo mais en créant des images par analyse spectrale en temps réel.

N'imaginez pas les deux créateurs asservis à la machine : Elle nous donne au contraire une vraie liberté d'action. On encode, élimine, modifie selon le rythme du spectacle. Chaque élément technique devient un personnage ou une idée abstraite : comment évoquer la mort sans la parodie du squelette et de la faux ?

De leur polyphonie devrait naître le fascinant voyage de Peer Gynt entre rêve et réalité, en quête d'une identité perdue.·

« Peer Gynt », une production de Muziektheater Transparant, du Théâtre de la Balsamine et de l'Opéra en île de France. Du 13 au 22 novembre à la Balsamine (02-735.64.68), les 19 et 20 décembre au Singel à Anvers.

Le Généraliste Belgique 5/11/2003
Le Soir Belgique 11/10/2004

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